Le Parti libéral du Québec s'apprête à désigner samedi prochain son nouveau chef dans un contexte où le pouvoir de François Legault présente des fissures notables. Malgré cette conjoncture propice à un rebond, le PLQ demeure loin de la coupe aux lèvres. Avec seulement 15 mois restant avant les prochaines élections, le futur chef devra faire preuve d'un leadership affirmé, pragmatique et stratégique dès le lendemain de sa victoire.
Son premier chantier sera celui de l’unité. Les rivalités internes sont une réalité incontournable après une course à la chefferie et un parti divisé ne peut prétendre à la victoire. Rallier rapidement les candidats défaits (et leurs partisans) est impératif pour éviter toute dissension qui fragiliserait l’action collective. Il serait même souhaitable d’inciter ces concurrents à se présenter lors de la prochaine bataille électorale.
La gestion du caucus sera le deuxième défi majeur. Le futur chef devra présenter dès le départ un plan précis pour l'année préélectorale et démontrer sa capacité à trancher fermement dans les dossiers sensibles, ce qui a beaucoup fait défaut depuis 2018. Une réorganisation du cabinet fantôme s’impose pour mieux aligner les responsabilités des porte-paroles avec la conjoncture politique actuelle et les compétences des élus. Un canal de communication sera essentiel entre le chef et le caucus pour assurer une ligne claire entre lui, non élu, et le travail législatif.
Parallèlement, un renouvellement soigneusement orchestré du personnel politique sera nécessaire. Désigner rapidement un(e) directeur(trice) de cabinet politiquement expérimenté(e) et remanier en douceur les équipes parlementaires permettra de consolider une nouvelle dynamique sans provoquer de crises internes inutiles.
La rentrée parlementaire offrira la première occasion de démontrer publiquement le sang neuf insufflé au leadership libéral.
Il faudra au futur chef de définir clairement des thèmes accrocheurs et de nommer une équipe d'officiers parlementaires qui sera sa vitrine à l’Assemblée nationale, tout en évitant les chevauchements de responsabilités, notamment entre le chef parlementaire et le leader parlementaire.
La mobilisation du parti passe aussi par une tournée immédiate des instances libérales. Cette démarche devra également s’accompagner de la mise en place d’une coordination fluide entre l’aile parlementaire et le parti afin d’assurer alchimie et cohérence dans les messages véhiculés à l’externe.
Sur le terrain, la mise en place d’une organisation électorale robuste est cruciale. Structurer dès maintenant des équipes efficaces, tant au niveau national que dans les circonscriptions, renforcera la mobilisation partout sur le territoire. Par ailleurs, rencontrer les électeurs dans tout le Québec sera indispensable pour renforcer la notoriété du futur chef, démontrer sa proximité avec les préoccupations des Québécois, et incarner concrètement une alternative à François Legault.
La crédibilité d’un aspirant premier ministre et de son parti se mesure à la qualité de celles et ceux qui veulent en porter les couleurs. Le futur chef devra donc faire du recrutement une priorité immédiate et s'impliquer personnellement pour attirer des personnalités d'envergure.
Il ne faudra pas attendre l’automne 2026 pour convaincre les étoiles : c’est maintenant qu’un chef sérieux commence ses approches stratégiques.
Au-delà des têtes d’affiche, chaque circonscription mérite son dynamisme. Ainsi, il faudrait impliquer activement les associations partisanes dans le processus de recrutement de candidats car cela dynamisera les bases militantes locales, créant des dynamiques de terrain et des relais essentiels à une victoire.
Sur le fond, le futur chef devra s’assurer que le PLQ renoue avec sa raison d’être. Le libéralisme est plus qu’un label ou une marque de commerce, c’est une philosophie.
Revenir aux sources et utiliser les leviers du fédéralisme permettra d'affirmer une identité politique cohérente et éviter les égarements connus récemment. Les valeurs fondamentales — notamment les libertés individuelles tant économiques que sociales — doivent rester au cœur du parti, indépendamment des pressions pragmatiques liées à la conquête du pouvoir.
Il serait bon pour le futur chef de trouver rapidement une opportunité concrète pour entrer à l’Assemblée nationale. Être en action, capable de confronter directement François Legault et surpasser Paul St-Pierre Plamondon en crédibilité comme alternative politique, sera déterminant dans la perception publique de sa capacité à gouverner.
Enfin, le futur chef devra être capable de réhabiliter l’espoir. Battu par fatigue en 2018, ignoré par confusion idéologique en 2022, le PLQ ne peut se permettre une autre élection sans inspirer l’adhésion enthousiaste des électeurs. Le parti devra redevenir synonyme d’un Québec moderne, culturellement fier, économiquement fort et socialement apaisé. Cet espoir renouvelé est le socle indispensable à toute recette victorieuse pour 2026. Et cette tâche immense ne saura attendre une conjoncture favorable; le futur chef du PLQ devra être confortable avec l’inconfort des prochains mois.
Incroyable surprise